Bebo Valdes & Cigala (Une perle Latine)
On pourrait situer le point de rencontre quelque part au milieu de
l'Atlantique. Là où se croiseraient les trajectoires imaginaires du
flamenco et de la musique cubaine. À droite, l'Est, une voix rayée,
comme une plainte infinie. À gauche, l'Ouest, et un piano de crépuscule
ouaté, élégant et charnel. Dieguito "El Cigala" chante le flamenco
depuis près de 3 décennies, depuis que, enfant, il participait à des
concours sur le Rastro--José Ruiz
(marché aux puces) de Madrid. Très vite adoubé par Camaron de la Isla,
il en est devenu le protégé, et l'héritier spirituel. Bebo Valdès se
contente, à 86 ans, d'avoir fait de sa vie une odyssée musicale,
débutée à Cuba avec l'Orchestre du Tropicana au milieu des années 40,
avant de devenir un des pianistes compositeurs les plus discrètement
importants du monde afro-cubain. On trouvera dans cet album un foyer
incandescent de chansons inattendues à l'image de la chanson titre
("Lágrimas Negras"). Elle nous entraîne du Malecón aux rives du
Guadalquivir sans que l'on puisse s'étonner du décalage. Le piano de
Valdès dispose ses notes de cabaret, parfois rejoint par le violon
espiègle ("Niebla del Riachuelo") et la gorge d'El Cigala porte son âme
même au cœur des boléros. On retiendra une version à pleurer de "Veinte
Años" et des face-à-face tendus par l'émotion entre la douleur du
flamenco et la douceur du son cubain. Le nouveau monde.
Site de Diego Cigala (En Espagnol)
Ecouter un Extrait de Bebo & Cigala : Inolvidable